Syndrôme prémenstruel et naturopathie, par Philippine Frileux
Philippine est naturopathe. Elle a rejoint cette voie il y a 3 ans après de longues années passées derrière des écrans de chiffres dans les banques de Paris et de Londres. La naturopathie est pour elle un art de vivre qui dépasse la simple pratique d’astuces bien-être et permet plutôt de se reconnecter à tout ce qui nous entoure. Une invitation à prendre le temps nécessaire de la réflexion pour vivre mieux.
Elle considère que prendre soin de soi, c’est d’abord prendre conscience de l’impact de nos modes de vie sur notre santé physique et mentale, et de notre interdépendance totale avec notre environnement. Cela signifie donc prendre soin aussi de cet environnement dans lequel nous baignons : l’air, les sols, l’eau, la qualité de nos relations, nos modèles sociétaux et le collectif, le vivant dans son entièreté… car ils viennent nous impacter en retour.
Nous avons souhaité lui donner la parole afin de partager de précieux conseils. Toutes les recommandations et termes qui vont suivre sont directement issus de ses protocoles. Pour aller plus loin, nous vous recommandons de vous rendre sur son site internet afin de prendre rendez-vous avec elle.
Qu’est-ce la naturopathie ?
En tant que naturopathe, Philippine se définit comme une éducatrice de santé qui vient mettre en lumière les habitudes de vie personnelles qui finissent par rendre malade. Lors des consultations, expliquer les raisons des dysfonctionnements de
l’organisme à cause de notre mode de vie occidental est pour elle aussi essentiel que de prodiguer les conseils adaptés à chacun pour retrouver l’équilibre.
L’alimentation, l’activité physique, le sommeil et l’équilibre psychoémotionnel sont les piliers incontournables de la naturopathie, mais d’autres outils sont disponibles pour aider à se sentir mieux, comme la phytothérapie, la micronutrition ou encore les techniques manuelles et respiratoires.
La naturopathie joue un rôle primordial en matière de prévention, en amont de la médecine allopathique. Elle ne remplace pas les traitements médicaux mais elle peut tout à fait aider à soutenir l’organisme en accompagnement parallèle. Il n’est
jamais trop tard pour commencer à améliorer son hygiène de vie et chaque geste supplémentaire sera bénéfique !
Le Syndrome Prémenstruel (SPM)
Saviez-vous que le cycle menstruel de la femme est une expression de sa santé ? L’ACOG (American College of Obstetricians and Gynecologists) le reconnait depuis quelques années. Un cycle régulier, entre 21 et 35 jours, sans symptômes, avec une ovulation réussie est un indicateur de bonne santé générale.
Le cycle est composé d’une phase folliculaire d’environ deux semaines durant laquelle des follicules ovariens murissent sous l’impulsion des œstrogènes. Les follicules qui entrent dans la course un mois donné se préparent en réalité en
coulisses depuis 100 jours. Lorsque l’ovulation se produit, le follicule dominant se rompt et libère son ovocyte. S’ensuit une phase lutéale d’environ deux semaines maximum, avec l’arrivée d’une autre hormone : la progestérone. Elle est sécrétée
par le corps jaune (transformation du follicule rompu) lorsque l’ovulation a bien eu lieu.Ces deux hormones-clé fabriquées lors du cycle menstruel de la femme sont très bénéfiques pour l’humeur, la santé osseuse et le métabolisme. Il arrive cependant qu’elles soient déséquilibrées et causent un syndrome prémenstruel (SPM) en 2ème partie du cycle - entre 7 à 10 jours avant les règles et disparaissant à l’arrivée de celles-ci. Un excès d’œstrogènes par rapport à la progestérone est souvent en cause est ce n’est toujours le cas.
Les symptômes du SPM sont hétérogènes et touchent les sphères émotionnelle (irritabilité, anxiété, émotivité…) et physique (rétention d’eau, ballonnements, seins douloureux, règles abondantes, acné…). Des crampes légères dans le bas-
ventre ou le dos sont considérées comme normales mais pas systématiques, elles sont causées par les prostaglandines inflammatoires libérées dans l’organisme pour contracter l’utérus et faciliter l’expulsion du sang. Les douleurs sévères, elles, ne le sont pas. Il faut en parler à son médecin ou à son gynécologue pour ne pas passer à côté d’un diagnostic plus invalidant comme l’endométriose.
Dans le cas du SPM, il ne s’agit pas de blâmer ces deux hormones bénéfiques à chaque phase du cycle, mais de comprendre les causes possibles de leur déséquilibre pour tenter de l’améliorer et le cas échéant, rétablir des ovulations de qualité (car pas de progestérone sans ovulation !). Atténuer le SPM voire le faire disparaitre est possible grâce à un travail sur l’hygiène de vie globale, c’est la priorité pour améliorer son terrain de manière pérenne. Le profil de chaque femme est variable et il est donc recommandé de faire un bilan avec un professionnel pour définir vos axes de travail.
Quelques pistes générales
Booster la progestérone - et si vous avez bien suivi, cela passe par une bonne ovulation et un corps jaune, et donc le bon développement des follicules qui dure 100 jours (il faudra parfois être patient).
- En diminuant son stress car le stress chronique est un perturbateur du fonctionnement hormonal : grâce à un sommeil de meilleure qualité, de l’activité physique, des techniques de relaxation, une stabilisation de la glycémie (on portera attention à la composition des repas et des collations)
- En apportant à l’organisme tous les bons nutriments dont il a besoin pour son fonctionnement global et la bonne synthèse des hormones et des neurotransmetteurs : on vise une alimentation saine, variée et équilibrée (protéines, glucides de qualité, bons gras, vitamines et minéraux, antioxydants…).
Métaboliser correctement les œstrogènes - pour réguler leur taux.
- En soutenant son foie : un des grands rôles du foie est de filtrer et de dégrader les toxines circulant dans le sang pour qu’elles puissent être éliminées ensuite par les reins et l’intestin. C’est le cas des œstrogènes devenus inutiles. Pour faire ce travail de détoxification, il a besoin de nutriments spécifiques qu’une alimentation saine et équilibrée apportera, et pour le soutenir on essaiera de ne pas trop le surcharger en toxines exogènes (alcool, pesticides, additifs alimentaires, médicaments de confort…). Des plantes amies du foie comme le romarin ou le chardon-marie* pourront aussi le soutenir.
- En rééquilibrant et en chouchoutant son microbiote intestinal car en cas de dysbiose (déséquilibre du microbiote), les bactéries intestinales peuvent réactiver les œstrogènes que le foie avait neutralisés (au lieu de les éliminer…)
- En luttant contre la constipation afin d’éliminer correctement les déchets de l’organisme : on travaillera si besoin sur un rééquilibrage de l’assiette, du mouvement, une bonne hydratation… voire des plantes spécifiques*
Avoir un poids que l’organisme considère comme sain pour lui-même - pas de chiffre précis à atteindre sur la balance car le bon poids pour soi variera selon chacune mais c’est un facteur qui peut jouer.
- Un sous-poids peut entraver l’ovulation voire stopper les règles
- Un surpoids peut augmenter le taux d’œstrogènes dans l’organisme puisque nos cellules adipeuses en sécrètent également
Réduire l’inflammation qui perturbe le fonctionnement hormonal et peut exacerber les symptômes du SPM
- En adoptant une alimentation antiinflammatoire qui fait la part belle aux légumes bio et aux bons gras comme les oméga 3 et les huiles vierges de première pression à froid, et en limitant les aliments pro inflammatoires comme les sucres de mauvaise qualité, les produits ultra transformés, les huiles végétales hydrogénées, et pour certaines les produits laitiers et le blé…
- En veillant à la qualité de son sommeil, en luttant contre la sédentarité avec une activité physique suffisante et adaptée
Se supplémenter en micronutrition et phyto
- Parfois, même en faisant du mieux possible avec une alimentation équilibrée et diversifiée, un coup de pouce s’avère nécessaire. Parmi les compléments alimentaires on peut se tourner vers un complexe de magnésium (sous une forme chimique bien assimilable) &; B6, de la vitamine D et des vitamines du groupe B* par exemple.
- Les plantes amies du cycle féminin* pourront aider à réguler les hormones féminines : achillée millefeuille, alchémille, gattilier, bourgeons de framboisier et de pommier, huile d’onagre… Elles sont à prendre soit pendant la phase folliculaire, soit pendant la phase lutéale, soit les deux. Le mieux est de demander conseil.
La bonne nouvelle est que le SPM n’est pas une fatalité et que nous disposons de nombreux outils pour tenter d’améliorer notre confort sur le long terme. C’est une erreur de le banaliser !
Un naturopathe pourra vous accompagner de manière progressive sur ces axes de travail avec d’autres conseils plus spécifiques adaptés à votre situation. Cette approche individualisée est nécessaire car nous ne sommes pas toutes égales ni
sensibles de la même manière, et d’autres paramètres peuvent entrer en jeu.
*Attention aux contre-indications des compléments alimentaires et des plantes. Un professionnel pourra vous guider et vous recommander
les bons dosages selon votre profil.
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